L’angoisse, l’espoir et la maternité ; est-ce que l’art peut sauver nos enfants ?



L’angoisse




L’ère du temps est angoissant dernièrement. Le monde tourne carré.
Le Zeitgeist valse avec l’écoanxiété, le désarroi et le déni.

Ça fait longtemps que je n’ai pas déposé de billet sur ce blogue. Je pense que le sentiment d’impuissance face au contexte sociopolitique des derniers temps a tranquillement transformé la motivation en perte de sens.





La violence accable. La couardise politique paralyse. Le désengagement écœure.

Je le vois autour de moi. Je le vois partout. Je le vois tout le temps.

 

Dans un tel contexte, écrire des billets de blogues lus par une poignée de personnes sur un projet de recherche-création en art actuel me semble une piste d’action bien peu concrète… Ça parait même un peu égocentrique.

 

Sauf que…

Je finis par me dire que de laisser l’accablement l’emporter, c’est aussi laisser triompher tout ce qui mérite d’être combattu.
Tout ce en quoi je ne crois pas,
Tout ceux en qui je ne crois pas.

C’est le système en qui profite si on arrête de croire.
Surtout si on arrête de croire en l’art. 





L’espoir



C’est l’art qui nous sauvera.

Ça semble bien quétaine dit comme ça. Presque puérile. Un peu prétentieux.

Mais j’y crois. Il faut. Il faut y croire.

 

C’est l’art qui nous sauvera.

Parce qu’en créant des brèches dans le quotidien, il fait naître des alternatives.

 

Des alternatives à l’état de droit
qui place nos droits et libertés individuelles comme valeurs de toute chose

Des alternatives à la hiérarchisation du vivant
qui prescrit des relations de pouvoir basées sur une exploitation sans limites de toute forme d’altérité.

Des alternatives au capitalisme
qui positionne l’économie comme pilier central de nos communautés.


 

C’est l’art qui nous sauvera.

L’art partout. L’art tout le temps.

Pour éviter de rentrer dans le mur.

Ça commence à être urgent.





La maternité


Depuis presqu’un an, pour Catherine, Alice, Christina et moi, l’art c’est le catalyseur d’un regard critique porté sur les perceptions culturelles qui entourent la fonction sociale de la mère et de la famille.

En l’observant comme objet et sujet de recherche-création, le geste maternel a su nous parler de care, d’empathie, d’interdépendance, de vulnérabilité et de collectivité de manière à éviter des visions cyniques ou idéalisées.

Il a fait poindre des récits qui permettent d’envisager des relations nouvelles, empreintes de plus de justice, d’émancipation et de solidarité. Il nous a fait rêver d’espaces ou les pratiques de soin et de sollicitude sont déployées de manière systémique et collective.

Il a pointé l’absurdité du mythe de la productivité à tout prix et d’un soi autosuffisant, isolé, autonome et performant.

Il nous a donné la permission de ne pas être des parents et des artistes parfaites. Il nous inciter à solidifier nos réseaux de solidarité. Il nous a invités à tendre la main plus souvent et à poser un regard bienveillant sur autrui.

Bref, le geste maternel a su informer une pensée critique qui suggère des manières d’être et d’agir qui nous extirpent de certaines normes et habitudes qui nous mènent, un peu malgré nous, à banaliser l’injustice et la violence.

Ce ne sont pas des idées nouvelles. Ce sont même des réflexions qui sont depuis longtemps défendues par des artistes, des philosophes, des sociologues, et divers groupes de lutte citoyenne pour la justice sociale qu’ils soient féministes, antispécistes, antiracistes ou queer.

Mais l’art a la force de permettre à ces idées de prendre corps, de faire des formes, de produire des sons et d’émettre de la lumière,
Bref, de devenir des images qui nous habitent de manière plus prégnante, plus sentie.

 

Tout ça, je le vois dans les œuvres qu’ont créées Alice, Catherine et Christina. J’espère que vous le verrez, vous aussi, en visitant l’exposition.

Parce que c’est l’art qui nous sauvera…

À condition qu’on lui en accorde les moyens…

 
 
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